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Pour illustrer les épopées d’Homère, œuvres fondamentales qui placent l’homme face à son destin, il fallait le génie du grand artiste italien Mimmo Paladino, sa compréhension profonde du texte, sa liberté, sa puissance et son souffle.
Premiers textes littéraires à l’origine de la littérature occidentale, l’Iliade et l’Odyssée exercent une influence considérable sur notre civilisation. Homère est, avec Hésiode quelques années plus tard, à la source de la connaissance de la mythologie grecque. Ces épopées constituent la base de l’éducation à l’époque classique, hellénistique et romaine. L’homme de la Renaissance redécouvre ces textes, l’homme moderne se nourrit des modèles de vie qu’ils proposent. Œuvres fondamentales, les deux épopées placent l’homme face à son destin, qu’il a conscience de devoir accomplir. La valeur, l’honneur et la gloire dominent les vingt-quatre chants de l’Iliade ; dans l’Odyssée, Ulysse ose le voyage intérieur, initiatique et solitaire, qui l’entraîne à la recherche de lui-même.
Jamais cette oeuvre n’avait été illustrée par un même artiste dans sa totalité. Il fallait à ces textes le regard, l’empreinte d’un homme dont la culture fût méditerranéenne et universelle, et dont la sensibilité répondît à celle du poète.
L'Iconographie
L'alliance de l'antique et du contemporain : la vision d'un éditeur
Après de nombreux succès dans la Collection qu’elle a créée en 1992, Diane de Selliers cherche, au tournant des années 2000, une iconographie suffisamment puissante et complète pour illustrer les épopées d’Homère. S’inscrivant dans la grande tradition du livre d’artiste, elle sollicite Mimmo Paladino, qui accepte le projet sans réserve. Il s’agira, non pas seulement d’illustrer l’histoire narrative, mais de créer, ensemble, un livre liant un texte vieux de presque 3000 ans à l’oeuvre d’un artiste contemporain.
Artiste internationalement reconnu, à la fois dessinateur, peintre et sculpteur, Mimmo Paladino, profondément imprégné de culture méditerranéenne, a imaginé pour chaque chant de l’Odyssée une atmosphère nouvelle, entre tradition et modernité. Avec une sensibilité puissante, il mêle différentes techniques, de l’aquarelle au feutre en passant par l’encre de Chine, les collages ou la feuille d’or.
Les gestes figés des personnages définissent l’action, leurs yeux clos, loin d’être inexpressifs, révèlent l’intériorité et les émotions suggérées qui affleurent au-delà du masque. Ces œuvres au graphisme épuré témoignent d’une nette influence des arts primitifs, provoquant une émotion universelle et un enchantement. Mimmo Paladino maîtrise le récit et vibre au son de la poésie antique, inventant un langage lumineux en écho au texte d’Homère. Pour Diane de Selliers, lui seul possédait le talent, la liberté, la sensibilité et la puissance nécessaires pour illustrer ce récit.
L’artiste dira de son travail : « Mes images ne veulent pas raconter l’histoire, seulement des allusions. La conception de cette oeuvre est musicale. » L’ensemble imaginé par l’éditrice est aussi humble que grandiose, tant la suggestion et l’inspiration de la peinture de Mimmo Paladino révèlent la poésie et la force du récit d’Homère.
Le Texte
L’Odyssée, l’épopée d’un homme seul
L’épopée composée de vingt-quatre chants (12 109 vers) conte le retour d’Ulysse dans sa patrie après la guerre de Troie. L’existence de trois parties assez nettes dans le récit corrobore l’hypothèse de trois poèmes primitifs réunis postérieurement en un seul. Le personnage central déploie ses qualités physiques et intellectuelles (ruse, courage, compassion, respect des traditions) et évolue du point de vue psychologique. Ulysse connaît un voyage intérieur et initiatique, en quête de ses racines et de lui-même. Le récit n’est pas chronologique, car il suit les errances de la mémoire. Ulysse raconte ses aventures sans ordre apparent, sans respect de la durée réelle des faits : sept ans sur l’île de Calypso tiennent moins de place qu’un an chez Circé ou qu’une nuit chez le Cyclope. Vingt ans d’absence ne sont rien, lorsque, à un seul signe, Pénélope reconnaît Ulysse. Alors que l’Iliade glorifiait une collectivité de valeureux guerriers, l’Odyssée est le roman d’un survivant solitaire.
La traduction de Victor Bérard
C’est la traduction d’un éminent spécialiste d’Homère et de la littérature antique que nous avons choisie pour cette édition. Le développement des sciences de l’Antiquité en France doit beaucoup à Victor Bérard. Le souffle épique de cette traduction accentue le plaisir de la lecture, celle des combats et de la tendresse, des épreuves et du courage, de l’intelligence et de la ruse. Helléniste virtuose, Victor Bérard parvient à transcrire la couleur homérique à travers le choix d’une prose rythmée par des alexandrins blancs. On lui doit quelques épithètes homériques aujourd’hui ancrées dans notre patrimoine poétique collectif : « l’Aurore aux doigts de roses », « Ulysse aux mille ruses », « Athéna, la déesse aux yeux pers ».
Cet érudit peu conventionnel est également géographe et marin. Persuadé que l’Odyssée trouve sa source dans des instructions nautiques anciennes, il mène pour les besoins de sa traduction une véritable enquête géographique et tente de retracer avec son propre bateau les errements d’Ulysse entre Troie et Ithaque.