Des autorisations exceptionnelles nous ont permis de publier des œuvres provenant des collections impériales japonaises, de monastères, de musées privés et nationaux, de fondations et de collections privées à travers le monde entier.
Les « images du Genji »
Le Dit du Genji connut un tel succès qu’il donna naissance dès le xɪɪᵉ siècle à une catégorie de peintures à part entière, les Genji-e, littéralement les « images du Genji », qui constituent un courant pictural propre, d’une richesse dont on trouve peu d’équivalents dans la peinture profane mondiale. Elles consistent en des illustrations de visages aux traits épurés et de paysages évocateurs. Classés « Trésors nationaux » au Japon, leur valeur est aujourd’hui inestimable.
Rouleaux, pages d’albums, paravents peints en vives couleurs, kakémonos et éventails d’une beauté et d’une finesse inégalables illustrent aussi notre édition, ainsi que la totalité de deux albums d’images et de calligraphies du xᴠɪᵉ et du xᴠɪɪᵉ siècle, et de nombreux fragments des rouleaux d’une œuvre majeure du xᴠɪɪᵉ siècle, surnommée le « Rouleau des Jardins d’or ».
Richesse, beauté, raffinement
Les Genji-e frappent en premier lieu par leur palette de couleurs chatoyantes. Posées en aplat et utilisées pures, ces couleurs sont parfois rehaussées de motifs méticuleusement dessinés, d’un pinceau alerte ou au contraire plus contraint, parfois d’une infinie délicatesse, selon le goût de l’époque ou la personnalité du peintre. L’impression de richesse et de raffinement qui s’en dégage illustre parfaitement le goût de la cour de Heian autour de l’an mille.
Les Genji-e ont été traitées par des peintres de la cour dépositaires d’une forme de tradition (l’école Tosa), mais aussi par des peintres officiels puisant aussi bien dans la peinture traditionnelle japonaise que dans la peinture chinoise (l’école Kanô).
Commentaires d’Estelle Leggeri-Bauer
Toutes ces œuvres sont expliquées et commentées par Estelle Leggeri-Bauer, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), spécialiste de la peinture narrative japonaise et des Genji-e (peintures du Genji). Elle a guidé les choix iconographiques et a écrit 500 commentaires qui accompagnent chaque illustration. Elle nous éclaire sur l’aspect pictural et narratif de l’œuvre, la pertinence des rapports entre le texte et l’image, la symbolique, la religion et les coutumes de l’époque. Ses recherches très approfondies confèrent à cet ouvrage une dimension culturelle et artistique tout à fait inédite.