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Le magnifique texte prophétique de saint Jean illustré par les 76 panneaux du chef-d’œuvre de la tapisserie médiévale, restituée dans ses couleurs d’origine et sublimée par de nombreux détails et 27 miniatures de manuscrits du xɪɪɪᵉ siècle.
Récit mystique et poétique, L’Apocalypse de saint Jean ne cesse de susciter des interrogations et de multiples interprétations. La tapisserie de L’Apocalypse d’Angers illustre en 90 panneaux ces visions prophétiques et offre une magnifique ouverture au texte de Jean. À la splendeur de ce chef-d’œuvre se joint la force du message de Paule Amblard, dont les commentaires invitent le lecteur, pas à pas, à la contemplation et à la méditation.
L'ICONOGRAPHIE
La tapisserie d’Angers
Chef-d’œuvre du Moyen Âge français, classée monument historique, la tenture de l’Apocalypse d’Angers déroule le fil du texte biblique. Constituée à l’origine de 84 panneaux et 6 grands personnages, elle mesurait 130 mètres de long, 6 mètres de haut, et s’étendait sur une surface de 775 mètres carrés.
La totalité des 68 panneaux complets et des 7 panneaux fragmentaires subsistant est reproduite dans cette édition, ainsi que de nombreux détails qui illustrent avec force et réalisme les paroles prophétiques de l’apôtre.
La splendeur retrouvée des couleurs
Nous avons fait le choix de reproduire l’envers de la tapisserie, remis dans le sens de l’endroit, afin de révéler les couleurs de ce somptueux ouvrage. En effet, le spectaculaire envers, mis au jour à l’occasion d’une étude en 1981 alors qu’il était protégé par une doublure, révèle une palette à l’éclat insoupçonné, contrastant fortement avec les tons pastel de l’endroit, fané par le temps. Des jaunes, des bleus, des rouges et des verts, des orange et des roses, lumineux et saisissants de nuances, ont été ainsi miraculeusement préservés.
Conçue selon une technique d’une étonnante modernité, la tapisserie, dont les fils ne sont pas arrêtés par des nœuds mais par une reprise invisible, rend ainsi le dessin des deux faces identique. Par ce choix de reproduire les couleurs d’origine, le livre restitue fidèlement la splendeur du chef-d’œuvre d’Angers.
Les manuscrits enluminés de l’Apocalypse
La tapisserie d’Angers n’a pas toujours joui du prestige qu’elle connaît aujourd’hui. Endommagée pendant la Révolution, elle a été amputée de scènes entières et de plusieurs fragments. L’Apocalypse d’Angers offre ainsi une vision grandiose mais incomplète du texte de Jean. Nous avons choisi de combler les manques par vingt-sept miniatures de manuscrits anglo-normands dont Hennequin de Bruges s’est inspiré. L’œuvre retrouve ainsi sa linéarité originelle.
LE TEXTE
Saint Jean et les visions de l’Apocalypse
Après la disparition du Christ, les apôtres se séparent et entreprennent d’évangéliser les peuples. Les chrétiens attendent alors le second avènement du Christ annoncé dans les Évangiles: « Alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire. » (Luc 21, 27).
À la fin du Ier siècle de notre ère, les martyrs se multiplient, le temple de Jérusalem est détruit sous le règne de Vespasien, et les persécutions religieuses et politiques s’intensifient. Pourtant, le retour tant espéré se fait attendre, tandis que la foi de certains fidèles s’affaiblit.
L’empereur romain Domitien, redoutant l’influence grandissante de l’apôtre et évangéliste Jean, ordonne son exil à Patmos. Jean connaît là des visions prophétiques et se voit révéler sa mission: écrire ses visions afin de les transmettre. Il s’adresse aux hommes, égarés, menacés par de nombreuses épreuves et dont les repères s’effondrent. Après des souffrances amères, Jean prophétise le renouveau de l’Homme.
Prophétie et message d’espoir
L’Agneau de Dieu, les quatre cavaliers de l’Apocalypse, la Prostituée de Babylone, les sept fléaux des sept coupes, la Jérusalem céleste sont décrits par Jean dans un langage allégorique et mystérieux, caractéristique des prophéties. Mais, loin d’annoncer la destruction et la fin du monde, l’Apocalypse est un message d’espoir, une invitation à rester fidèle à ses croyances.
Originellement destinée aux sept Églises nommées dans le prologue: Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée, l’Apocalypse est rapidement diffusée dans toute l’Asie mineure.
Il faudra cependant attendre l’année 382 pour que cette œuvre, message d’espoir autant que mise en garde contre l’affaiblissement de la foi, soit reconnue comme un livre canonique par le concile convoqué par le pape Damase à Rome.
« Le chemin de l’Apocalypse », introduction par Paule Amblard
Paule Amblard, historienne de l’art, spécialiste de la symbolique chrétienne médiévale, rappelle dans son introduction le contexte dans lequel Jean écrit l’Apocalypse. Cet éclairage permet au lecteur de mieux appréhender le texte sur lequel se referme symboliquement le Nouveau Testament.
Elle entraîne aussi le lecteur sur la trace passionnante de l’histoire de la tapisserie d’Angers, aujourd’hui somptueusement exposée dans une galerie du château d’Angers spécialement aménagée à cet effet. Enfin, par la grâce de son étude, Paule Amblard chemine aux côtés de saint Jean et d’Hennequin de Bruges. Elle livre avec sincérité et émotion sa propre lecture de l’Apocalypse.
La traduction de l’École biblique de Jérusalem
Écrits dans différentes langues, les livres de la Bible ont fait l’objet de nombreuses traductions en grec, en latin puis en français. Aujourd’hui, les catholiques reconnaissent différentes traductions: la Bible de Jérusalem c’est-à-dire la traduction œcuménique de la Bible, la Bible de Chouraqui, la Bible d’Osty, et celle publiée par Bayard en 2001. En dépit du caractère novateur de certaines de ces versions, la traduction de l’École biblique de Jérusalem est la traduction de référence. Les citations de la Bible qui viennent illustrer le texte de Paule Amblard sont tirées de celle-ci, sauf en ce qui concerne Le Cantique des cantiques pour lequel nous avons préféré la traduction d’André Chouraqui, plus sensuelle et plus émouvante.
Par ailleurs, certaines citations ont été choisies dans la Bible d’André Chouraqui, lorsque les nuances de sa traduction donnaient un autre regard et un autre élan aux versets.
Les commentaires iconographiques de Paule Amblard
Paule Amblard décrit avec précision les différentes scènes de la tapisserie d’Angers et éclaire la signification de certains symboles. Pour l’artiste du xɪᴠᵉ siècle Hennequin de Bruges, il n’était pas question de faire l’exégèse du texte biblique mais de traduire en images les versets les plus forts. Fidèle à cette approche, Paule Amblard éclaire le rapport entre le livre de saint Jean et la tapisserie sans pour autant chercher à en percer tous les mystères. Elle nous invite à réfléchir aux résonances de ces deux œuvres pour les chrétiens du Moyen Âge et le lecteur d’aujourd’hui. Son approche personnelle de l’Apocalypse éveille notre regard et notre esprit sans jamais les contraindre à adopter un point de vue figé. Elle nous apporte un éclairage exceptionnel sur le message profond du texte de l’Apocalypse à travers les nombreux symboles représentés dans la tapisserie d’Angers.